Voltaire’s folies
Voltaire disait bien que son potager de Ferney était en Suisse afin de pouvoir s’y réfugier le plus vite possible. Nous devons à Condorcet et à Beaumarchais, lors du gigantesque travail de la fameuse première édition complète des œuvres de Voltaire (dite édition de Kehl), d’avoir, avec l’aide du secrétaire personnel de Voltaire, authentifié tous ces papiers et de les avoir réunis sous le titre de Mélanges dans les derniers volumes. C’est ainsi que nous avons de petits chefs-d’œuvre dialogués tel le Chapon et la Poularde dans la même langue et la même veine que Zadig ou Candide.
Ces pamphlets sont parfois d’une violence rare, car ils ont été écrits à chaud, dans l’effervescence même de l’indignation devant tous ces crimes politiques que l’on commettait au nom des dogmes religieux. Cette outrance paraît même presque nécessaire pour nous réveiller du parfait engourdissement de la pensée.
Car Voltaire se veut toujours positif. Non seulement il stigmatise l’ignorance comme la cause première de toutes les aliénations et de tous les fanatismes, mais encore donne-t-il une clé à toutes nos actions : « Je suis tolérant, mais je suis intolérant envers les intolérant ! »
Il peut arriver que cette intolérance salutaire fasse des dégâts collatéraux et puisse blesser. Nous en serions désolés, mais il faut rappeler que Voltaire n’attaque pas la foi, qui est et doit rester le jardin secret de chacun, mais l’usage politique pernicieux qui est fait de la naïveté crédule du plus grand nombre pour justifier les volontés d’hégémonie, de domination et d’exploitation. Et si certains mots de Voltaire peuvent déborder sa pensée, que l’on se rappelle que ce ne sont que des mots en regard de toutes les atrocités bien réelles commises au nom des idéologies. Et quiconque se sentirait blessé devrait peut-être regarder au fond de lui-même, essayer de réfléchir à ce qui fait que la pensée du siècle des Lumières peut aujourd’hui le scandaliser et se demander s’il ne participe pas, même inconsciemment, au retour à l’herbe broutée et au gland des cavernes ?
Jean-François Prévand
Lycoprod
Théâtre de l’Oeuvre
Cap 24
Réalisateur(s) Laurent Préyale
Genre Théâtre
Année 2008
Durée 90 mn
Format 16/9
Image Daniel Crétois, Céline Metzger, Charles Lienart, Pascal Tirilly
Son Christophe Tassin
Montage Pierre Sainteny
Auteur du spectacle François-Marie Arouet dit Voltaire
Mise en scène Jean-François Prevand
Comédien(s) Charles Ardillon, Olivier Claverie, Gérard Maro, Jean-Jacques Moreau