Qu’est-ce que le temps ?

Les questions les plus simples n’appellent pas forcément des réponses faciles. En s’interrogeant dans les Confessions sur ce que peut bien être le temps, saint Augustin remarque dans une formule souvent citée : « Si personne ne me demande, je sais. Si on me le demande et que je veux l’expliquer, je ne sais plus ». Ce qui est en jeu dans cette citation extraite du livre XI des Confessions, c’est d’abord la perplexité de celui qui s’interroge face à un phénomène familier et cependant étrange dans la mesure où cela lui échappe. C’est donc à une pensée en marche que nous avons affaire. D’où l’idée de Denis Guénoun de faire entendre cette réflexion construite comme une dramaturgie dans l’espace du théâtre. L’acteur Stanislas Roquette – qui a déjà travaillé avec Denis Guénoun dans Artaud-Barrault présenté la saison passée au Théâtre National de Chaillot – donne un corps à cette pensée en cours d’élaboration avec ses allers et ses retours, ses contradictions et ses progressions, montrant à quel point les interrogations d’Augustin respirent d’une vie intense. Né en 354 en Afrique du Nord, Augustin écrit les Confessions en 397. Habité par une tension permanente entre intériorité et extériorité, le livre – donné ici dans la traduction récente de Frédéric Boyer – expose les doutes et les errements d’un jeune homme plein d’ardeur rejoignant parfois la tradition paradoxale d’un comique spéculatif où brillèrent notamment Molière ou Raymond Devos.